24
Sep
2012

Témoignage d’un volontaire SSF

Je suis instituteur à l’école de la localité où je réside, et volontaire secouriste à Sauveteurs Sans Frontières.

Mon kit porte le numéro 651, il est toujours à disposition dans ma voiture, et chaque semaine, l’occasion m’est donnée de me rendre sur les lieux d’un évènement dès que la centrale envoie une information.

Au cours de nos dernières vacances, nous étions en pique-nique dans un parc avec nos enfants lorsque le biper a vibré. L’information qui y était donnée m’a surpris car l’endroit indiqué était justement le parc où nous nous trouvions ; il était question de deux touristes qui faisaient du snapling sur la falaise face à l’endroit où nous étions assis, l’un d’eux a trébuché et est tombé d’une hauteur de douze mètres, sa compagne étant restée coincée en l’air.

Je courus à ma voiture chercher mon matériel de secours ; l’endroit où se trouvait le blessé n’était pas d’accès facile, mais après quelques minutes de marche et la descente entre les rochers et les buissons, j’ai entendu les gémissements du blessé (j’en profite pour féliciter les concepteurs du kit qui peut être porté facilement sur les épaules malgré le poids). Il avait les yeux ouverts et il respirait, je me suis adressé à lui en hébreu mais il m’a répondu en français ; nous sommes passés à l’anglais et il m’a décrit les endroits où il souffrait ; je remarquai un saignement en haut de la poitrine, et tout en ouvrant ma valise je donnai un premier compte-rendu de la situation à la centrale d’urgence. Il était difficile d’accéder à l’endroit qui saignait à cause d’une part de la tenue qu’il portait et d’autre part du serrement des cordes dû au poids de sa compagne qui était toujours suspendue, et surtout parce que chaque mouvement qu’il faisait était accompagné de terribles douleurs dues aux fractures dont il souffrait.

Avec beaucoup de patience et de persévérance, je réussis à arrêter l’hémorragie et à panser la blessure, et j’attendis l’arrivée d’une ambulance. Les conditions d’évacuation n’étaient pas favorables ; je rappelai la centrale et je donnai au technicien plus de détails sur l’état du terrain ; de plus le centre hospitalier le plus proche se trouvait à environ cinquante minutes de là. A la suite de ces informations, il fut décidé de l’évacuer par hélicoptère. Entretemps, deux autres secouristes me rejoignirent et ainsi qu’il nous a été enseigné, nous avons commencé à préparer son évacuation par hélicoptère. L’un des deux autres volontaires, expert en navigation, s’est chargé de diriger l’atterrissage de l’hélicoptère. Dix minutes plus tard le ronronnement du moteur nous annonça l’arrivée de l’hélicoptère, qui atterrit à environ 100 mètres de l’endroit où se trouvait le blessé. Un médecin et deux auxiliaires se frayèrent un chemin à travers les ronces et les rochers, portant les sangles de fixation et le brancard sur lequel devait être attaché le blessé selon les normes en vigueur. Le médecin décida de lui injecter du valium afin de pouvoir le soulever mais en fin de compte, voyant les difficultés de transport jusqu’à l’hélicoptère, il fut décidé de treuiller la civière. L’hélicoptère décolla et se mit à survoler l’endroit où nous nous tenions, le câble fut déroulé et les sangles fixées par l’équipe à la civière qui fut remontée sans encombre.

Pendant que le technicien s’affairait à la remontée du brancard, le médecin se tourna vers moi et me demanda d’où provenait ce matériel super sophistiqué, je lui montrai la dédicace sur le dos de la valise : offert par Sydney et Katia TOLEDANO. Le médecin était également francophone et il me dit qu’il espérait qu’on ferait savoir aux donateurs que le matériel offert par eux avait justement sauvé la vie à un touriste français dans des conditions assez exceptionnelles.