Par cet après-midi du mois de juillet, j’avais quitté la localité où je résidais pour me rendre à Jérusalem. A la hauteur de la ville d’Efrat, un bouchon s’est formé à la sortie de la ville de Betléhèm du fait de la fin du ramadan et de la sortie des musulmans des mosquées.
Mon biper se mit à sonner et annonça qu’une femme était en train d’accoucher dans sa voiture ; je demandai à la centrale de me donner plus de détails de l’endroit où elle se trouvait, il me mit en contact avec l’auteur de l’appel qui m’expliqua où se trouvait le véhicule. C’était à environ 200 mètres à la hauteur d’une autre sortie d’Efrat.
Voyant que je ne pouvais m’y rendre en voiture, je me garai sur le bas-côté de la route, je pris mon kit médical et je courus vers l’endroit indiqué. J’aperçus un homme debout près d’une voiture, tenant sa tête de ses deux mains et apparemment anxieux. Je me présentai, sa femme était allongée sur la banquette arrière de la voiture.
Je parcourus du regard les alentours et je choisis un endroit plus isolé, voulant m’éloigner du flot de voitures qui rejoignaient la route. Après avoir garé la voiture, je demandai au mari de faire le guet afin de faire les signaux nécessaires à l’ambulance qui avait été commandée d’une part, et d’éviter que des curieux ne s’approchent de la voiture (il est important dans de tels cas de donner au mari une occupation qui dissipe en partie sa panique afin de ne pas la communiquer à sa femme).
Je pris dans ma mallette la trousse destinée aux accouchements, tout allait très vite car la tête était déjà avancée, et je me rendis compte que le cordon ombilical entourait le cou du bébé. Très délicatement, je le dégageai ainsi que l’on m’avait enseigné et immédiatement le bébé était là. Pendant quelques secondes j’attendis avec angoisse qu’il pleure puis je décidai d’administrer une aspiration des liquides de la trachée artère ; puis j’entendis le plus beau pleur de bébé qui soit ; je l’enveloppai dans la couverture prévue à cet effet dans la trousse, et en même temps j’entendis la sirène de l’ambulance qui devait transporter la maman et l’enfant vers un hôpital de Jérusalem.
En rangeant mon matériel, je pensai aux heureux donateurs qui avaient permis de sauver un bébé. Mon kit porte le numéro 637 et il y est écrit : offert par Monsieur et Madame MILGROM. Une semaine plus tard je racontai à Monsieur Arié LEVY l’histoire de cette naissance ; il me répondit qu’il en ferait part aux donateurs, et j’ajoutai : dites-leur que c’était un beau bébé, et que me souvenir de ses premiers cris me remplit de joie.