Article paru dans I 24 le 13 Mai 2021
L’association Sauveteurs Sans Frontières – SSF regroupe des secouristes bénévoles qui connaissent bien Israël et toutes ses régions. La majorité de leurs secouristes viennent en effet de Cisjordanie, zone complexe et conflictuelle, mais qui leur offre une formation en accélérée, un concentré d’expériences et de savoir-faire en matière de secourisme. Ces secouristes ont, de plus, une grande expérience du terrain car ils ont souvent fait partie de missions à l’étranger lors de catastrophes naturelles. Depuis quelques jours, SSF a déployé 80 secouristes dans le Sud du pays qui sont gérés par une cellule de crise.
Barouh, un des secouristes de SSF nous a fait le récit de sa journée d’hier à travers Israël, en proie à des bombardements incessants. Il a été réveillé en sursaut par une alerte à 6 heures du matin à Ashkelon. Dépêché sur les lieux où la roquette était tombée, Barouh a soigné les blessés, hagards et silencieux. Puis il a retrouvé d’autres secouristes de SSF appelés comme lui pour une mission vers Netiv Haasara. Sur le chemin, ils se sont arrêtés une première fois pour porter secours à une soldate évanouie, puis une seconde fois pour tenter de calmer une femme en crise d’hyperventilation due au stress. Puis, près de Netiv Haasara, ils ont croisé une unité médicale de l’armée, postée sur un chemin de terre.
La rencontre entre les secouristes civils de SSF et ceux de l’armée a été particulièrement émouvante. Quelques heures auparavant, l’équipe médicale de Tsahal avait géré les conséquences désastreuses d’un tir anti-char palestinien sur une jeep de l’armée. Un soldat avait été tué et deux soldats, grièvement blessés. Ils étaient amers mais ils ont pu échanger avec des « collègues » de SSF sur cette histoire, sur d’autres histoires liées à des attentats, sur des histoires de secourisme. Partager ses émotions dans ces circonstances devient salvateur et réconforte. L’équipe de l’armée avait bien entendu utilisé beaucoup de matériel médical sur les blessés de la jeep et était à court de « ket », ce garrot nouvelle génération, une invention israélo-américaine qui colmate les plus blessures les plus graves. Rien n’est plus angoissant pour un secouriste que de ne plus avoir de matériel pour soigner des blessés. L’armée allait les réapprovisionner, mais quand ? En temps de guerre, les heures paraissent des jours. L’équipe de SSF préférait leur donner leur propre « ket » : ils en ont réuni 8, leur ont donné des bandages et ont même trouvé un brancard !
Puis l’équipe de SSF s’est rendue à nouveau à Ashkelon où elle a été confrontée à la dure réalité. Des dizaines d’alertes ont retenti en une heure et les secouristes ont traité plusieurs blessés sur 5 lieux touchés par des missiles. L’équipe de secouristes a ensuite retrouvé d’autres collègues du MDA dans leur station et l’émotion était palpable. Ils ont fait également des arrêts à chaque point de contrôle de soldats pour les étreindre et leur distribuer un XL froid, très apprécié par cette chaleur… Ces petites actions n’ont l’air de rien mais elles participent avec force à l’unité du peuple d’Israël face à l’adversité.
L’action de SSF a été mise à rude épreuve cette dernière année car comme toutes les associations, elle a souffert de la crise engendrée par le Covid. SSF a besoin de se déployer davantage en multipliant les équipes sur le terrain, en achetant davantage de matériel médical et en protégeant ses équipes de secouristes avec des casques et des gilets pare-balles.
Pour aider l’association SSF à continuer ses actions, à sauver des vies, faites un don ici.